Quelle est la bonne méthode pour pelleter la neige ?
Quel est le bon rythme ?
La bonne pelle ?
Avant de commencer – Attention, risques pour le cœur !
Dans mon récent article sur le travail au froid, j’explique que le pelletage de la neige comporte des risques d’infarctus du myocarde. Et il semblerait que ce n’est pas seulement pour les personnes à risque où les personnes âgées, mais même les hommes plus jeunes et en bonne santé. Le travail au froid amène les vaisseaux sanguins à se contracter, ce qui augmente la pression et les risques pour le cœur.
Svp, allez-y doucement ! Prenez le temps de bien vous échauffer, et prenez des pauses. Et s’il tombe 25 cm de neige, on n’est pas obligé de tout déneiger d’un seul coup ! On peut pelleter un bout, par exemple 20-30 minutes, puis rentrer à l’intérieur pour regarder un truc sur Netflix, et ressortir plus tard !
Travail au froid !
Comme je viens de le dire, j’ai rédigé un article complet sur le travail au froid. Il y a notamment des risques d’engelures et d’hypothermie. Vous pouvez y jeter un oeil pour plus d’infos.
Réduire les risques à la source
L’une des clés en ergonomie, c’est de bien comprendre le travail pour réduire les risques à la source.
Voici quelques pistes.
Pour le pelletage de la neige, il faut d’abord regarder quel est le travail à faire.
Est-ce qu’on doit déneiger l’allée extérieure et le stationnement devant la maison ?
ou
Est-ce que l’on doit déneiger autour de la voiture à Montréal après que la charrue n’aie accumulé des tonnes de neige glacée près du véhicule ?
Si c’est pour déneiger un stationnement, peut-être qu’on peut faire affaire avec une compagnie de déneigement qui passera avec son camion muni d’une gratte. Ou encore peut-être que l’on peut utiliser une bonne vielle souffleuse pour réduire les efforts.
Mais si le travail implique d’utiliser une pelle manuelle, voici ce qu’il faut savoir.
Quelle pelle à neige choisir ?
En général, pour réduire les risques au minimum, l’idéal c’est de pousser la neige, et éviter de la soulever. Voyons donc quels sont les critères pour le choix d’une bonne pelle.
Les pelles pour pousser la neige
Lorsque le contexte le permet, il vaut mieux utiliser un traineau à neige, surtout s’il y a beaucoup de neige. (Voir l’image de gauche ci-dessous).
Sinon, on peut utiliser une pelle pousse-neige (image du centre), en gardant toujours un contact avec le sol. Assurez vous que le manche de la pelle arrive environ à la hauteur de votre thorax (un peu plus bas que l’épaule).
Il y a aussi la pelle dite “ergonomique“, dont le manche est courbé (image de droite ci-dessous). Une telle pelle devrait vous aider à garder le dos plus droit pour pousser la neige, voir pour la soulever quelque peu (selon le modèle de pelle). L’ajout d’une poignée “ergonomique” pourrait aussi vous faciliter le travail avec votre pousse-neige conventionnel.
Toutefois, ce n’est pas toujours possible de pousser la neige, et parfois il faut la soulever.
Les pelles pour pelleter et soulever la neige
Pour déneiger autour de son auto à Montréal, on n’a pas vraiment le choix, il faut soulever et déplacer la neige. Et même parfois, il faut être en mesure de briser les tas de glace qui se sont formés sur le bord de la voiture.
Selon le CCHST, une pelle solide (selon moi avec une lame en métal), d’une largeur d’environ 10” à 14” (25 cm à 35 cm) et dont le poids total est de 1,5 kg (3,3 lbs) ou moins, c’est l’idéal pour pelleter la neige.
Et choisissez une pelle avec une poignée en plastique (pas en métal), pour éviter qu’elle ne devienne trop froide.
Les techniques pour pelleter et soulever la neige
Vous vous rappelez les principes d’action en manutention manuelle ? Et bien, ils s’appliquent ici !
La quantité de neige par pelletée
La quantité de neige que l’on soulève a un impact direct sur le chargement initial, c’est-à-dire la pression ressentie au niveau du bas du dos durant le soulèvement.
Et il faut tenir compte aussi du type de neige que l’on déplace. La neige “mouillée” ou “glacée” sera plus dense, donc plus lourde, que la neige “poudreuse”. Aussi, mieux vaut défaire un amoncèlement avec la pelle que de soulever un énorme bloc de glace !
Donc c’est assez simple ; en soulevant moins de neige à la fois, on limite les risques de se faire mal au dos. En soulevant trop de neige à la fois, on augmente le risque de mal de dos.
Et rappelez vous qu’il est souvent plus facile de pelleter de la neige fraichement tombée, encore bien floconneuse, que de la pelleter une semaine plus tard…
La position de la main sur la pelle
En plus du poids de la pelletée que l’on prend, la position de la main aura un impact direct sur le chargement initial. Plus la main est loin de la lame, plus l’on en ressentira l’effet dans le bas du dos. Il s’agit de l’effet de bras de levier.
Donc si l’on est obligé de soulever un gros bloc de neige, l’idéal est de rapprocher la main le plus près possible de la lame pour faciliter le soulèvement.
Le fameux “dos droit genoux fléchis”
Oui, ça vaut la peine de garder le dos droit, de plier les genoux et de soulever avec les jambes durant le déneigement. Ça permet de réduire les risques de blessures au bas du dos.
Mais il ne faut pas oublier que cette technique n’est pas pour tout le monde. Certaines personnes ont mal aux genoux, ou encore ont de la difficulté à s’accroupir en raison de leur masse corporelle. Et faire des squats à répétition durant de longues minutes, c’est très, très exigeant pour le corps. Surtout par temps froid.
D’où l’importance de prendre des pauses, de déneiger avec une autre personne pour réduire la durée, et surtout d’y aller à son rythme. Ou encore mieux, comme je l’indiquais au début, régler le problème à la source si c’est possible !
Alterner les côtés pour pelleter la neige
Voici quelque chose que j’ai enseigné à beaucoup de cols bleus durant les formations que j’ai données pour l’APSAM.
Le pelletage, ce n’est pas un travail “symétrique”. En fait, pour pelleter la neige, on est en situation d’asymétrie, puisque la lame de la pelle se retrouve d’un seul côté du corps. Et ce n’est pas une situation idéale, puisque certains muscles seront plus sollicités que d’autres.
Pour régler le problème, l’une des solutions est d’alterner entre le côté gauche et le côté droit durant le pelletage. Ça vous permettra de mieux répartir le travail de chaque côté du corps.
Et par ailleurs, évitez de faire des mouvements de torsion (rotation) du dos pour jeter la neige derrière vous. Le mouvement de torsion peut mettre votre dos à risque. Et on ne veut pas ça.
Bien sûr, si vous vous entrainez pour une compétition de bateau dragon, les mouvements de torsion du dos ne seront peut-être pas trop un problème pour vous.
Mais pour monsieur et madame tout-le-monde qui part le matin pour aller à son travail de bureau, les risques pourraient être plus présents, surtout à l’usage.
La qualité de la prise
Pour assurer une bonne prise sur la pelle, il faut penser à se procurer des gants avec une surface antidérapante. Avec cet équipement, moins de risques d’échapper la pelle, et donc moins d’efforts en général !
Le rythme pour pelleter la neige
Selon l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, mieux vaut avoir une cadence régulière, même si l’on se sent pressé de terminer. Un rythme de 15 pelletés par minutes (environ 1 pelletée aux 4 secondes), avec une charge d’environ 5 kg (10-15 lbs, soit une pelletée “raisonnable”), devrait en général aller. Et voici un élément important à retenir : vous devriez toujours être capable de parler durant votre pelletage… Si ce n’est pas le cas, il faut ralentir !
Aussi, on recommande de prendre des pauses en fonction de vos besoins. Ceci inclus au moins 1 pause de quelques minutes après chaque 15 minutes d’efforts.
Par ailleurs, comme ergonome, je recommande souvent d’alterner entre une activité de travail exigeante et une autre moins exigeante, pour réduire les risques. Dans ce cas-ci, peut-être voir s’il est possible d’alterner entre le pelletage et d’autres activités, comme déneiger le dessus de la voiture, démarrer la voiture pour la réchauffer, ou dire bonjour à un voisin qui passe !
On peut aussi voir à réduire la durée du pelletage en le faisant en plusieurs séquences (plutôt qu’une grande séquence), et en le faisant avec l’aide d’une autre personne. C’est plus l’fun à deux !
En Terminant…
Article rédigé par Emmanuel Benoit, Ergonome CCPE, CRIA
© Tous droits réservés
Les vidéos et photos ont été prises avec
la collaboration de Benjamin Reid-Soucy
et de l’APSAM
Littérature
https://www.cchst.ca/oshanswers/ergonomics/snow_shovelling.html
https://oppq.qc.ca/blogue/pelleter-hiver/
Merci beaucoup, c’est très intéressant et pertinent… En plus d’une légère touche d’humour, j’ai adoré.
Merci pour tes commentaires JF !
Merci pour cette présentation simple et surtout efficace !! les images de démonstration en action sont très appréciées.
Merci pour votre commentaire monsieur Messier, il est également très apprécié ! Ça me fait toujours plaisir de savoir que mes articles sont utiles pour les lecteurs 🙂
excellente initiative
Merci Claude pour votre commentaire, c’est toujours apprécié !